Les meilleurs radis du monde
Au mois de mai, à l'époque des premiers radis, nous les enfants étions toujours très excités, attendant avec impatience le moment où nous pourrions extirper les délicieux radis rouges. Chaque jour nous allions vérifier si leurs grosses racines rouges sortaient déjà de la terre.
Les radis poussaient dans une plate-bande que papa et maman avaient fabriqués à cette fin. Les couches étaient constituées de vieux sacs d'engrais vides qu'ils avaient repassés. Dans ce but, tous les sacs d'engrais étaient collectés durant toute l'année. A l'époque, on ne jetait pratiquement rien. On trouvait toujours à nouveau un moyen pour tout réutiliser. Les sacs d'engrais étaient fabriqués en plastique épais. Il fallait les découper en bandes maniables à l'aide de vieux ciseaux de tailleur, puis ils étaient repassés pour constituer une nouvelle couche. On obtenait ainsi une sorte de bâche en plastique formée d'une multitude de petites pièces. Pour éviter que le plastique ne se mette à coller, un vieux papier journal était placé entre le fer à repasser et les bandes de plastique. C'était tout un art de trouver la bonne température. Quand le fer était trop chaud, des sillons disgracieux se formaient, quand il était trop froid, les bandes ne collaient pas. En restant trop longtemps au même endroit, de la fumée commençait à se dégager en formant un trou, à l'inverse, en allant trop vite, le plastique ne fondait pas. Ensuite mon père construisait un cadre en lattes et clouait la bâche fraichement repassée et coupée à la taille voulue, sur ce cadre à l'aide de clous spéciaux appelés „Dexnägel". Ce sont de petits clous à tête spécialement large, qui sont parfaits pour fixer des toiles d'emballage, du plastique ou des cartons bitumés sur du bois. Le couvercle pour les couches était confectionner à part. Il était placé en biais sur le cadre des couches. Ce qui formait une sorte d'appentis. L'ensemble des couches mesurait 1,5 m de long et 90 cm de profondeur. Après la récolte des radis, les pieds de salade leurs succédaient dans les couches. Avec les animaux domestiques et les enfants tout autour, des couches en verre auraient été trop risquées. Et puis il fallait toujours que cela ne coute rien ou très peu. Les couches étaient entièrement fabriquées à base de matériel de recyclage, sauf pour les clous „Dexnägel" et elles étaient placées directement sur le sol.
Au mois de mai, chaque soir après les vêpres, venait le moment où les premiers radis étaient extraits de la terre et rincés sous le jet du tuyau d'arrosage. Je me souviens avec plaisir de ces merveilleuses soirées. Les oiseaux chantaient toujours très fort au printemps et le lilas sentait bon. Maman et papa nous apportaient des tartines beurrées et nous mangions les premiers radis avec du sel sur les tartines beurrées.
Elles étaient accompagnées d'une limonade appelée „Orangen-gracherl". Il s'agissait d'une limonade spéciale extrêmement pétillante dans des bouteilles de limonade refermables. Elle pétillait et bruissait déjà en l'ouvrant.
Le pain était coupé à partir de grandes miches de pain en tranches fines, par rapport à une tartine de charcuterie, la couche de beurre devait être plus épaisse, pourque les tranches de radis restent col-lées. En accompagnement, Maman aimait beaucoup une tartine à la ciboulette, le tout était mangé avec du sel, du poivre et beaucoup de délectation.
J'aimais beaucoup ces soirées avec mes parents. Hélas, ils étaient peu nombreux, car mon père faisait du travail d'équipe à la laiterie, en plus de son travail à la ferme. Même le samedi et le dimanche. Les vaches donnaient du lait chaque jour et il fallait toujours le transformer tant qu'il était frais. Maman aussi était presque toujours occupée. Soit elle était à l'étable ou dans les champs, soit elle cuisinait pour la grande famille. Le temps passé ensemble pendant le gouter était d'autant plus précieux. Nous avions toujours le sentiment d'avoir vraiment mérité ce que nous mangions et qu'il s'agissait d'aliments très sains. Personne ne pensait au problème de poids ou de calories ou au taux de cholesterol trop élevé. Nous mangions et nous nous régalions.
Ecrit le 12. sep. 2012 par Eleonore Hartl-Grötsch, née Hartl (1960), Munich.
Traduit par Maximilian Grötsch et Doris C. Müller.