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Jours de fête à Schweinersdorf
Pendant les jours de fête, il y avait beaucoup d'agitation à la ferme et dans la maison. Souvent d'autres membres de la famille venaient nous rejoindre et la chambre était pleine de personnes qui étaient toutes animées par le même esprit.
Le repas de midi en lui-
Dimanche des Rameaux
Au matin du dimanche des Rameaux, celui qui se levait en dernier, était traité d'âne et on se moquait de lui. Il était alors obligé de porter l'arbre des Rameaux (manche garni d'un bouquet de chatons de saule) de la maison jusqu'à la procession et pour la consécration à la chapelle de Schweinersdorf. Dans les temps passés, cette fonction était exercée par un domestique.
Après le dimanche des Rameaux commence la semaine Sainte.
Le nombre de rameaux dépendait de la taille de la ferme, on y ajoutait parfois des branches de cyprès ou de thuya, le tout était fixé sur un manche. Dans d'autres régions on ajoutait un peu de verdure en y mettant du buis.
A Pâques on coupait environ un morceau de 40 cm de l'arbre des rameaux. On en avait besoin pour le sois disant „feu de Pâques". Le morceau de bois était entaillé de chaque côté et on y fixait un fil de fer épais pour pouvoir le maintenir dans le feu sacré sans se brûler ou être noirci par la suie. Le feu était allumé, surveillé et maintenu en activité devant l'église pour la fête de la résurection. Contrairement à l'âne des rameaux, ce job était plus convoité parce qu'il était beaucoup plus palpitant.
Pâques
Quand nous allions à Schweinersdorf à Paques, nous partions toujours directement après le petit déjeuner afin d'arriver à temps pour la „bénédiction des champs". Nous emportions nos coquilles d'oeuf colorés provenant des oeufs bénis et nous mettions en route avec pépé, oncle Schoss et les autres enfants pour aller rejoindre les champs de céréales au milieu desquels nous plantions un morceau du „brûlot" de l'arbre des rameaux et à leurs coins, des croix de rameaux en y ajoutant des coquilles d'oeufs bénis. Parfois nous enterrions même un oeuf entier.
Puis le tout fut aspergé d'eau bénite que l'oncle Shoss avait apporté dans une choppe de bière à couvercle en étain. D'autres personnes y ajoutaient les restes de viande fumée et de raifort du petit déjeuner qu'ils avaient emmenés. Les petites croix des rameaux étaient des branches de chatons de saule que l'on avait fendus pour y placer un petit rameau de thuya. La bénédiction des champs sert à implorer la protection de Dieu et la bénédiction pour le travail et la récolte.
En route ce jour là, nous rencontrions souvent le „lapin de Pâques", que nous pouvions apercevoir en train de se sauver à travers champs et qui dans sa fuite perdait des petits oeufs en chocolat et même des pièces d'argent que nous ramassions plein d'enthousiasme. Bizarrement c'était toujours les mêmes oeufs que ceux que ma mère avait dans la poche de son manteau ou de sa veste et les pièces d'argent bordaient exactement le chemin que pépé ou oncle Schoss avait pris avant nous. On avait donc intérêt à les suivre de près.
Quelques rameaux bénis étaient toujours placés derrière la croix dans le coin de la cuisine, pour la protection et la décoration en même temps. De même on fixait une petite branche de chatons de saule et un petit morceau de „brûlot" à la porte des étables, afin que la vie s'y développe sainement et pour éloinger le malheur.
Du temps où mon père était enfant et où il était courant d'avoir des domestiques à la ferme, on autorisait les servantes pendant les jours de Pâques à ramasser les oeufs dont elles pouvaient alors disposer librement. Certaines les coloraient en rouge pour le garçon qu'elles aimaient. La tradition voulait que le soir, les jeunes hommes aillent voir les jeunes filles à leur fenêtre pour y chercher un oeuf rouge. Je me souviens encore qu'à un certain âge, j'ai vu quelques jeunes gens venir chez mes cousines pour récupérer un oeuf rouge et recevoir la promesse de sortir ensemble prochainement.
La bénédiction des champs [JWM73]
Feldweihe, Inzkofen 2013 [JWC13]
La fête partronale (Kirchweih)
Nous passions toujours la fête pastorale à Schweinersdorf. Ce jour là quelque chose de très particulier se passait, on installait pour les enfants une „Kirtahutschn". Il s'agissait d'une grande balançoire formée par une longue échelle avec deux planches, accrochée avec de longues chaines en fer aux poutres de la toiture de l'étable. De cette manière, il y avait de la place pour beaucoup d'enfants qui pouvaient s'assoir côte à côte et au lieu de se balancer d'avant en arrière, c'est de gauche à droite que l'on se balançait. Les enfants du voisinage venaient souvent nous rejoindre. En plus, nous avions de la musique, du vieux tourne-
Parfois les adultes ou du moins les hommes, eux aussi ont fait une partie de balançoire avec la „Kirtahutschn".
Pour les femmes ce sont les „Kirtanudeln", sorte de pâtisserie de la fête „Kirchweih", qui constituaient le sujet de discussion principal.
C'était comme une compétition secrète. Chaque paysanne avait la fierté de vouloir faire les meilleures „Kirtanudeln". Les deux soeurs de mon père, tante Mali et tante Pat ne manquaient pas d'en apporter quand elles venaient à Schweinersdorf ce jour là. Mémé et tante Resi, elles aussi en avaient bien sûr préparé. Tout le monde se mettait à les gouter et à les comparer. Les quatre bouts tournés des „Kirtanudeln" devaient être les plus réguliers possible. D'après l'aspect extérieur, ce sont toujours ceux de tante Mali qui gagnaient. Mais l'aspect extérieur comptait peu pour moi, par le gout ils étaient tous excellents. Bien que je n'aies jamais aimé les raisins secs, je les ai même mangés dans les „Kirtanudeln". Et lorsque nous repartions à la maison, on nous en offrait encore à emmener.
Kirtahutsch, Schweinersdorf [JWM70]
D'ailleurs c'était le cas à chaque visite, à chaque fois, mémé et tante Resi nous donnaient quelque chose à emporter: du gâteau, des beignets, des „Fensterkiache" ou des oeufs et dans le passé nous avions même emporté du lait dans le bidon à lait. Et quand un animal avait été abattu, c'était de la viande, des boudins, de la saucisse de foie ou de la saucisse Pressack.
Ecrit en novembre 2012 par Irmi Schaffer, née Wiesheu (*1961), Moosburg.
Complété par Johann Wiesheu, München.
Traduit par Maximilian Grötsch et Doris C. Müller.